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Les familles en histoires

Dernière mise à jour : 11 juin




Il n'y a pas une histoire, mais des histoires dans une histoire familiale. Ces histoires se recoupent les unes, les autres et forment un thème émergent (il y en a plusieurs) qui est mis en relief lors du travail en psychogénéalogie.


"Je n'ai pas de renseignements sur mon histoire familiale."

On ne peut pas tout savoir de sa famille, et même si beaucoup d'informations ont été transmises, il y a toujours des questions, des trous, et parfois trop d'informations servent aussi à masquer ce qu'on ne veut pas dire. Bien souvent, lorsque quelqu'un dit : "je ne sais rien sur ma famille, mes origines", la personne, si elle entreprend la démarche vers la psychogénéalogie, en sait déjà suffisamment pour pouvoir l'aider à trouver des réponses, du sens à sa place dans sa famille.


Lorsque le manque d'informations est flagrant, que les portes de la transmission sont fermées, cela génère souvent beaucoup d'angoisses chez les descendants. Les non-dits génèrent, entre autres, des problèmes de communication au sein de la famille et dans les réseaux relationnels extérieurs, quand ils ne se manifestent pas dans des somatisations à répétitions.


D'une façon générale, pour travailler sur son histoire familiale, il n'est pas nécessaire d'avoir fait des recherches généalogiques. Chacun vient avec ce qu'il a. Le peu d'informations recueillies suffit pour situer ce qui est présent et pour débuter ce travail. Dans la plupart des cas, d'autres renseignements arrivent, parfois d'une façon surprenante, inopinée. Ce qui est important, c'est de comprendre qu'à partir du moment où l'on entreprend une démarche en psychogénéalogie, on active une mémoire qui traverse le temps, les époques, les évènements et peut surgir dans un souvenir jusqu'à ce que la conscience lui donne un sens.


"Il y a des secrets très lourds dans ma famille, et cette charge plombe mes projets de vie".

Chaque famille a des secrets, plus ou moins lourds et plus ou moins cachés. Il est difficile pour les parents de "dire", de parler de situations, d'évènements qui pèsent sur leur conscience, dont ils ne sont pas fiers. Et ce qui motive principalement la rétention de paroles est la crainte d'être jugé par l'enfant et de perdre son estime.


Pour l'enfant, la situation est pesante. Les cadavres dans le placard dégagent une odeur persistante qui empoisonne l'atmosphère familiale. Les non-dits, les attitudes incohérentes de la famille créent des relations compliquées, difficiles, douloureuses, engendrant souvent de la violence. L'espace transgénérationnel permet souvent de donner du sens même si le secret n'est pas révélé. Il ne s'agit pas de trouver à tout prix le secret, mais de travailler en conscience sur ses effets et de sortir du poids et de la charge familiale liés au secret.


"Je ne me sens pas appartenir à cette famille."

Cette question fréquemment posée sous des formes différentes ramène au problème de la place. Il peut y avoir des places "oubliées", effacées ou exclues dans le système, et ce sentiment de non-appartenance peut provenir d'une identification à une place manquante.

Le sentiment d'appartenance représente l'ancrage indispensable à l'édification de la personnalité. Si l'appartenance est coupée, la personne se sent à la dérive, sans attaches. L'appartenance au groupe familial est directement liée à l'appartenance au groupe social : quelqu'un qui a du mal à trouver sa place dans sa famille a des difficultés à s'insérer socialement.


"Pourquoi suis-je arrivée dans cette famille ?"


Quel est le projet familial, le projet parental conscient ou inconscient qui a présidé à la conception d'un enfant ? Un événement familial (décès, mariage, divorce, naissance dans une autre branche...) le cadre social ou historique : les exemples ne manquent pas. Des cas fréquents de personnes qui sont nées pendant la guerre, lors d'une permission et dans l'incertitude du retour, l'enfant est conçu pour rappeler la présence de celui qui part. Il (l'enfant) est la partie qui reste.


Pour trouver des réponses, il faut par exemple chercher du côté des dates (état civil et évènements historiques), des prénoms, des places et comprendre les liens qui existent entre eux.

Cette question ramène au sens de sa naissance, à la place qui est faite à celui ou celle qui arrive (voir la fratrie ou les positions sur d'autres générations).


Il était une fois...


Fabienne : Du mystère des origines et de la difficulté de vivre en couple

Fabienne, 59 ans, divorcée depuis 30 ans, elle a eu 2 enfants. Elle a rencontré plusieurs partenaires mais sans jamais reconstruire un couple. Sa demande vient à cet endroit de sa vie qui reste très blessé et inaccompli. Sa vie professionnelle lui apporte de nombreuses satisfactions, mais son cœur souffre de ne pas aimer à sa mesure. Fabienne est la 3ème d'une fratrie de 4. Sa fratrie est composée : d'une sœur aînée jamais mariée et sans enfant et décédée d'un cancer à 40 ans, d'un frère aîné divorcé aussi avec 2 enfants d'une sœur cadette qui n'a pas eu d'enfants.


Nous pouvons aborder cette question de Fabienne sous différents angles à partir de son arbre généalogique. Dans cet article, je soulignerai le vide de transmissions du côté maternel. Fabienne sait peu de choses des origines de sa mère Suzanne, qui a révélé à ses enfants tout ce qu'elle pouvait savoir : elle n'a pas connu ses parents et a été élevée par une famille d'accueil. Nous avons évoqué qu'au moment d'être mère, Suzanne, a certainement été bouleversée et que les conditions de sa propre naissance ont été réactivées en force. Suzanne a confié à ses enfants combien ce moment a été à la fois difficile avec beaucoup d'angoisses et en même temps dans le besoin vital de vivre cette expérience de mère avec ses enfants.


Cette opacité sur les origines de la mère de Fabienne pèse lourdement sur la situation affective des enfants (et petits-enfants) qui ne rencontrent pas de partenaires sécurisants pour construire un couple. On peut penser qu'il y a eu une capacité de créer un couple sur le modèle des parents qui sont restés ensemble et sur le modèle de la famille d'accueil. Mais le vide généré par l'absence de représentations de la filiation maternelle s'est inscrit dans la mémoire familiale et les expériences écourtées de vie de couple dans la fratrie de Fabienne expriment l'impossibilité d'identification au couple fondateur des grands-parents maternels. Il a été important dans le cadre de la thérapie de Fabienne de faire parler ce vide représenté par la place de ses grands-parents inconnus.


Maureen BOIGEN – tous droits réservés.


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